Le cours d'harmonie est un apprentissage pratique à l'écriture polyphonique, à quatre parties. Il faut s’habituer à écrire pour quatuor vocal, car la voix humaine est l'"instrument" qui a la tessiture la plus restreinte. Il n'y aura aucun problème plus tard à élargir les limites permises pour qu'elles correspondent à d'autres instruments. Il serait plus difficile de s'habituer d'abord à des tessitures très étendues et de réapprendre ensuite les contraintes des tessitures étroites. Voici les quatre voix et les limites de leurs tessitures usuelles (voix de bons choristes amateurs, et non solistes professionnels) :
Il ne faut utiliser les notes en noires que très exceptionnellement.
Il se peut que vous constatiez de légères différences selon les traités. Le bon sens est de rigueur : il vaut mieux utiliser les notes extrêmes avec prudence, avec les nuances appropriées et sans attaquer un début de phrase sur les notes supérieures.
Pour vous aider à mémoriser ce tableau, remarquez que, respectivement, les voix de basse et d'alto, ainsi que les voix de ténor et de soprano, ont leurs tessitures à distance d'octave.
Les clés d'ut : traditionnellement, toutes les études poussées d'écriture se font en trois clés d'ut (ut première, ut troisième et ut quatrième) et une clé de fa, comme ci-dessus à droite.
Avantages :
Inconvénients :
Avantages :
Inconvénients :
Avantages :
Inconvénients :
Les règles mélodiques concernent le mouvement d'une seule voix (n'importe laquelle, mais une seule à la fois, sans considérer les autres).
On peut employer au début des études tous les intervalles mineurs, majeurs et justes compris entre la seconde et la sixte mineure incluses, ainsi que le saut d'octave. On peut tolérer à l'occasion la sixte majeure.
Mouvement mélodique obligé :
La sensible (seulement quand elle est la tierce de l'accord de dominante) doit aller à la tonique, à moins que l'accord suivant n'utilise pas la tonique, ou à moins que la voix immédiatement supérieure fasse entendre la tonique à la hauteur où on l'attend. Cette tolérance est parfois acceptée seulement lorsqu'il s'agit des deux voix supérieures.
Au début des études, il faut éviter à tout prix les sauts de septièmes et les intervalles augmentés ou diminués, qui deviennent vite un tic, et surtout qui empêchent radicalement la découverte de meilleures réalisations qui représentent la vraie ossature de la future écriture.
Note: à partir des septièmes de dominante, on pourra avoir un usage musical de tous les intervalles mélodiques diminués, suivis d'un mouvement de sens contraire. Au début des études, il vaut mieux éviter la seconde augmentée du mode mineur, même lorsqu'elle est suivie de la tonique.
La septième et la neuvième parcourues en 3 notes doivent comporter un mouvement conjoint.
La quarte augmentée (triton) en 3 notes doit être suivie d'un demi-ton de même sens.
Le saut d'octave se présente normalement dans le sens inverse de la ligne mélodique qui l'amène. On le quitte selon le même principe, en retournant vers l'intérieur.
Les règles harmoniques concernent les écarts qui se produisent (et se modifient à chaque accord) entre deux voix. N'importe quelle paire de voix parmi les quatre.
Au début des études, il n'y a aucune raison d'effectuer des croisements entre les voix: on les utilise selon leur ordre normal de superposition. On peut utiliser l'unisson si on ne peut l'éviter ou si on a une bonne raison de le faire, à cause du contexte.
Il y a de nombreuses manières d'espacer les 4 voix entre elles. En voici quelques unes, commentées aux numéros correspondants :
Remarquez et adoptez soigneusement la convention d’écriture concernant le sens des hampes et la disposition des liaisons.
Ce sont les mouvements que font chaque paire de voix. Il y en a quatre sortes :
Les deux voix montent ou descendent ensemble, conservant un même intervalle. Fréquent en tierces ou en sixtes (ou leurs redoublements).
Le mouvement parallèle est absolument interdit dans deux cas :
Ces mouvements ont été jugés respectivement trop plats et trop durs, de la renaissance aux post-romantiques, qui ne les emploient (à 4 voix) que très exceptionnellement.
Une partie monte, l'autre descend, ou l'inverse. C'est un mouvement extrêmement fréquent, bien équilibré. Il ne présente pas d'inconvénients. L'exemple suivant montre deux paires de voix parallèles qui, par paires, évoluent en mouvement contraire :
Les seules fautes qu'il peut générer, quasiment par malchance, sont :
Mêmes raisons que précédemment.
Note: on dit aussi en manière de raccourci "octaves consécutives, quintes consécutives" puisque l'interdiction est valable aussi bien pour les quintes ou octaves parallèles que pour les quintes ou octaves consécutives par mouvement contraire.
Une partie reste en place, l'autre s'en écarte ou s'en rapproche. Rien à signaler, sauf au moment d'un unisson: il n'est pas élégant d'y arriver par mouvement conjoint de la voix qui bouge. Au contraire, il est intéressant de quitter l'unisson par mouvement oblique.
Les deux parties montent ou descendent ensemble, mais en se rapprochant ou s'écartant un peu. Imaginez un mouvement parallèle qui ne serait pas tout à fait parallèle.
Le mouvement direct fait ressortir les quintes et les octaves qu'il amène. Lorsqu'on écrit un mouvement direct aboutissant à une quinte ou à une octave (ou leur redoublement), il faut satisfaire aux conditions suivantes, destinées tout simplement à limiter l'effet de mouvement direct.
Quinte ou octave directe entre les voix extrêmes :
Quinte ou octave directe dans n'importe quelle autre paire de voix (on dit entre des parties quelconques) :
Unisson direct :
Note: les règles précédentes sont une simplification récente d'anciennes pratiques pédagogiques particulièrement intimidantes et démoralisantes. Pour plus de détails, les plus curieux peuvent demander des règles plus détaillées. Voir :
Sur ce sujet des quintes et octaves directes permises ou interdites, il suffit de consulter ces divers ouvrages, tous rédigés par de grands professeurs et compositeurs, pour constater qu'il existe des différences de détail plus ou moins importantes dans la conception des règles. Celles proposées dans le présent cours ont l'avantage d'être à la fois raisonnables et suffisamment simples. Au début des études, il faudra d'abord apprendre à respecter strictement les règles qui ont la préférence de votre professeur. Un peu plus tard, votre oreille apprendra à être le juge ultime selon les circonstances particulières. En fait, les différences de détail dans les principes de base choisis n'auront pas de conséquence réelle sur la qualité de votre écriture, une fois que vous aurez acquis de l'expérience.