Tableau des chiffrages


Ils ne sont pas « bons parce qu'ils sont vieux »,
au contraire, ils sont « vieux parce qu'ils sont bons. »

Ces chiffrages sont ceux utilisés par les traités francophones qui ont guidé les premiers pas, et avec un certain succès, de gens comme D'Indy, Debussy (!), Pierné, Dukas, Ravel, Roussel, Enesco, Ibert, Milhaud, Poulenc, Jolivet, Messiaen, Françaix, Dutilleux, et certainement bien d'autres.

Le principe général, mais pas totalement universel (il a fallu faire des choix) consiste à symboliser les notes les plus caractéristiques de l'accord et de son état par des chiffres qui représentent leur intervalle avec la basse.

On aurait pu aussi bien imaginer n'importe quel autre système visuel de symboles (autre que des chiffres) pour répondre au besoin particulier des harmonistes : indiquer en même temps le type d'accord et son renversement sans offrir à l'élève l'analyse tonale toute faite sur un plateau d'argent.

En effet, c'est bien une partie de l'exercice, que les tonalités et les modulations soient laissées à la compréhension de l'élève. C'est pourquoi il n'y a pas de raison de considérer ces chiffrages comme une tare historique ou pédagogique, sous prétexte qu'ils ne sont que des "numéros d'assurance sociale" destinés à cataloguer du "matériel vertical". À la manière dont un claveciniste comprend ce qu'il doit réaliser à partir de sa basse chiffrée (mais plus vite!) un harmoniste peut, doit comprendre et surtout entendre ce que souhaite lui faire construire l'auteur de l'exercice d'harmonie.

Ce procédé de chiffrage n'est pas du tout destiné à plaire aux analystes, qui ont le droit d'avoir leurs besoins et leurs outils propres. Sous prétexte qu'une bonne connaissance de l'harmonie classique est aussi un outil d'analyse, il ne faut pas perdre de vue son objectif premier qui est tout de même le développement d'aptitudes à s'adapter et à construire. Si ces chiffrages sont destinés à représenter des états verticaux instantanés dans des basses chiffrées à un niveau avancé, c'est que, pour pouvoir travailler à fond chaque accord et chaque renversement dans tous les contextes possibles, les harmonistes - ceux qui apprennent à écrire, pas à en parler - ont besoin d'indications précises et complètes, souvent sur chaque temps d'une mesure, tout en faisant l'effort auditif intérieur normal pour entendre l'évolution tonale et la structure générale de la basse chiffrée.

Pas rentable, pas fructueux, l'exercice du type basse chiffrée ? Pour une clientèle insuffisamment formée, qui n'entend pas et qui est condamnée à l'amateurisme, ou encore qui se limite à l'analyse, certainement. Pour ceux qui veulent vraiment apprendre à écrire, c'est la seule manière de redécouvrir en profondeur (et par l'action) les nombreuses constructions diverses et astucieuses que seuls les véritables petits Mozarts portent dans leur bagage génétique.

Tableau récapitulatif des chiffrages

  1er  renv. 2e renv. 3e renv. 4e renv.
  Fondam.
à la basse
Tierce à
la basse
Quinte à
la basse
Septième
à la basse
Neuvième
à la basse
Accord parfait 5 6 6
4
 
Acc. de quinte incomplet 3 ou 8  
7e de dominante 7
+
6
 5 
+6 +4  
7e de dominante
sans fondamentale
   5  +6
  3
  6
+4
 
7e  d'espèces 7 6
5
4
3
2  
9e  de dominante majeure 9
7
+
7
6
 5 
  5
+6
  4
  3
+4
  2
 
9e  de dominante majeure
sans fondamentale
  7
 5 
  5
+6
  3
+4
  4 *
+2
9e  de dominante mineure (b)9
    7
   +
 7 
6
 5 
+6
   5 
  4
+4
  3
  2
 
9e  de dominante mineure
sans fondamentale
   7  +6  
 5 
+4
  3
+2

( * ) Avec préparation de la basse


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