Autres notes étrangères

Appoggiatures

Une appoggiature est un retard non préparé. Les précautions à prendre sont les mêmes que pour les retards. L'appoggiature se présente normalement sur temps fort, et doit autant que possible former dissonance avec une autre note de l'accord.

Les quintes directes et les deuxièmes quintes consécutives aboutissant à une appoggiature sont en principe permises, comme avec toutes les notes non harmoniques (dites notes étrangères).

Sauf exceptions, le style de la basse donnée ne comporte pas d'appoggiatures.



Chants donnés : Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 7a, exercices 291 et suivants. Dans les six premiers exercices, les appoggiatures et neuvièmes ayant le caractère expressif des appogiatures sont indiquées par de petits traits. Le 300 porte sur la double appoggiature.



L'échappée

Une échappée est une broderie sans résolution. Elle peut être supérieure ou inférieure. Elle convient aux styles libres, non classiques. C'est aussi une mauvaise excuse pour les harmonistes médiocres qui ne trouvent pas les bons accords convenant au chant donné, au début des études.

Broderies

Une broderie est un battement conjoint, quittant puis rejoignant une note réelle. Elle peut se produire par ton ou demi-ton, inférieur ou supérieur. Contrairement au retard et à l'appoggiature, elle se produit sur un temps (ou partie de temps) plus faible que celui où se trouve la note réelle.

Seule la broderie par demi-ton inférieur peut être une note étrangère à la tonalité.

Dans le cas de la broderie d'un retard, une deuxième quinte ou une deuxième octave produite par une broderie est permise, même si ce deuxième intervalle est formé de notes apparemment réelles (Caussade, Vol.I, par.334 p.229). On peut rapprocher ce cas de la deuxième octave formée par la broderie supérieure de la septième d'espèce, avant sa résolution.

Précautions

  1. La broderie ne doit pas engendrer de rapports de demi-tons (ni leurs redoublements et renversements) avec d'autres notes de l'accord, sauf si cette broderie se produit par ton supérieur ou demi-ton inférieur :
    L:1/4 K:Eb %%piano2+2 [V:S] A c-c/"br"!blue!=B/c/"br"!green!=d/ | c [V:A] D2 !green!E2 | E [V:T] F,A, G,2 | -G, [V:B] B,,2-!blue!B,,2 | A,,
  2. On ne doit pas broder par demi-ton si la note brodée est tenue au-dessus. Par contre, dans le même cas on peut broder par ton entier.
  3. Il va de soi qu'il ne faut pas broder un unisson.


Basses données : Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 8a, exercices 301 et suivants. Le 304 est un canon à la 16e. Le 305 porte sur la double broderie.

Chants donnés : Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 8a, exercices 306 et suivants. 307 : broderie tronquée - broderie du retard. 308 : double broderie. 310 : broderie de la broderie.

Notes de passage

Les notes de passage sont des notes étrangères qui passent conjointement entre deux notes, soit diatoniquement, soit (plus rarement) par demi-ton. Elles se présentent le plus souvent sur temps faible ou partie faible du temps, mais peuvent occasionnellement se présenter sur le temps fort.

Les notes de passage peuvent engendrer des frottements dissonants avec les autres notes de l'accord, ou même avec d'autres notes de passage. Il faut donc contrôler soigneusement la qualité de ces rencontres de notes. Leur variété est très grande; la disposition de l'accord et la distance relative entre les notes influent largement sur le résultat sonore, plus que les notes elles-mêmes: il serait hasardeux de compter sur des règles définitives. Voici cependant deux critères à peu près universellement valables :

1) Il faut surveiller en particulier les rapports apparentés au demi-ton (septième majeure et neuvième mineure) entre la note de passage et d'autres notes de l'accord, et les éviter si :
- dans le cas de la 7e majeure c'est la note du bas qui est étrangère,
- dans le cas de la 9e mineure c'est la note du haut qui est étrangère.

On pourrait aussi retenir une variante de cette règle, dans une formulation moins universelle, mais plus concrète et concernant le cas le plus probable : Dans un accord de dominante, on ne doit pas faire coexister la sensible et la tonique, cette dernière étant une note étrangère.

2) Si une note de passage engendre une relation de tierce ou de sixte (ou leurs renversements) avec une autre note réelle (ou de passage), il y a une forte présomption pour que la rencontre de note ne soit pas trop dure.

Les rapports jugés trop durs peuvent parfois être évités par l'adjonction d'une autre note étrangère, dans une autre voix. Le dernier juge est l'oreille.

Note concernant les basses chiffrées: quand il y a une ou plusieurs notes étrangères dans un chiffrage donné, si elles font partie de l'accord précédent elles doivent être évidemment considérées comme des retards qui ont été préparés. Dans le cas contraire, elles peuvent être des notes de passage ou des broderies. Par convention, elles ne sont jamais des appoggiatures.



Basses données : Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 8a, exercices 311 et suivants. Examiner aussi les basses 327 et 328.

Chants donnés : Henri Challan, 380 basses et chants donnés, recueil 8a, exercices 315 et suivants. 316 : notes de passage chromatiques. Examiner aussi les numéros 323 à 326, 329 et 330 qui portent sur divers choix de notes étrangères.




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